Louis Morel


D’où venez-vous ?


Je suis un pur Jurassien, de Poligny, une localité voisine d’Arbois, capitale du Comté mais où on trouve également de très belles vignes.

Dans votre enfance, quel était votre rapport au vin ?


Mon père était vigneron, j’ai donc toujours baigné dans la vigne dès mon plus jeune âge. Pour l’anecdote, avec mon frère nos punitions consistaient à aller à la vigne, à cette époque je me jurais de ne jamais y travailler plus tard !

Je garde beaucoup de souvenirs des périodes des vendanges et notamment de la distillation qui comptent parmi les meilleurs moments de mon enfance. Il y avait une ambiance particulière et nous avions le droit de veiller tard. Je me souviens aussi de ces longues soirées au coin de l’alambic, fascinant, et du retour à vélo, nos doigts gelés dans le noir de l’hiver, sans se plaindre si nous voulions y retourner le lendemain. 

Comment en êtes-vous venu au monde viticole ?


Chasser le naturel et il revient au galop ! J’ai fini par tomber dans la marmite. La nature m’a toujours attiré et j’ai d’ailleurs longtemps hésité avec la profession de paysagiste.

Mais finalement les appels de mes racines et du cep ont été les plus forts.

Je n’ai jamais été un élève très scolaire, préférant le concret à la théorie il me faut du concret. Suite à mon BEP à Beaune j’ai directement sauté dans le monde du travail. Il ne faut cependant pas écarter complètement la théorie qui nous permet de comprendre et de nous adapter aux changements qui s’en viennent.

Quelles sont vos expériences ?


Je garde un souvenir amusé de ma première expérience viticole hors du cercle familial. Encore étudiant j’avais été embauché au Domaine Courbis (Rhône) pour ramasser des abricots. Au cours de l’été ils ont fini par m’embaucher à la vigne, j’ai finalement fait deux saisons chez eux. 

Suite à cette première expérience, j’ai fait un an chez Maison Gouillaud à Pupillin. Puis, j’ai passé 11 ans aux Grands Chais de France en tant que Chef de Culture. 

En octobre 2016, j’ai rejoint le Domaine Rolet pour être leur Maître de Vigne : je suis responsable d’une équipe d’une dizaine de personnes permanentes et beaucoup plus importante lors des vendanges ou des travaux saisonniers. J’adore la gestion du stress j’aime régler les soucis.

Pourquoi Rolet ?


J’ai beaucoup hésité à intégrer le domaine Rolet lorsque l’opportunité s’est présentée, car il me semblait compliqué d’intégrer un domaine viticole familial tenu par quatre frères et sœur, dont l’un avait en plus la gestion de la vigne. 

Toutefois, étant jurassien je connaissais bien évidemment le domaine et sa renommée. Je savais que les équipes étaient performantes et travailleuses, qu’il y avait un vrai potentiel à développer et d’ambitieux projets se sont faits jour depuis 2018. 

Je ne regrette rien, Rolet m’a apporté le challenge, le renouveau, une superficie de travail plus complexe et une équipe dynamique et passionnée.

Quels sont les enjeux à venir pour le Domaine ?


Le predsfdfLe tout premier reste le renouveau du parcellaire avec l’arrachage de parcelles vieillissantes : la moyenne d’âge de nos vignes est de 45 ans actuellement, ce qui est un atout pour la qualité des raisins mais aussi une problématique pour la mécanisation du fait de la taille des pieds de vignes plus importante. 

Nous avons la chance d’avoir un parcellaire très qualitatif qui nous permet d’introduire et de travailler une sélection massale de nos bois gage de la préservation de notre identité profitant à nos plantations. Ces nouvelles plantations sont bien évidemment conduites en viticulture biologique. Nous avons lancé le début de la conversion du vignoble Arboisien vers la viticulture biologique. Fier de ces premiers succès nous travaillons sur les autres vignes.

Un autre challenge à venir est notamment la gestion de nouvelles contraintes climatiques : depuis 2017, le gel et la grêle deviennent des épisodes répétitifs alors qu’ils n’avaient lieu que tous les 10-15 ans auparavant. Il faut trouver des solutions et nous adapter à ces changements. Nous essayons de tailler quelques parcelles plus tardivement.

Il nous faut aussi revoir notre logistique, car la taille est le travail de vigne le plus important et le plus précieux pour la plante, mais ce travail est actuellement entièrement réalisé par notre équipe, manuellement. La taille tardive sur notre superficie en trois mois, pour lutter contre le gel, est complexe à mettre en place.